Le
Concept de "révolution militaire" trouve son essence dans l'apparition
puis la maîtrise de la poudre noire en Europe. Diego Garcias de Palacios,
représentant de la couronne espagnole en Amérique de 1556 à 1589, fait
la genèse de cette découverte : Les propriétés du salpêtre sont connues
en Europe depuis l'antiquité pour ses vertus médicinales et
pyrotechniques.
Mélangée au souffre et au charbon elle acquiert des
propriétés explosives variable selon les proportions de chaque composé.
Les premières applications militaires ont été développées sur notre
continent au moyen âge mais les canons monstrueux élaborés au XV eme
siècle restaient d'une efficacité limitée et d'un emploi souvent létal
pour leurs servants.
Les études menées par les
scientifiques et les expérimentations des militaires permettent, au
XVIeme siècle, une utilisation beaucoup plus efficace de cette arme.
Charles VIII emmène 40 pièces d'artilleries lors de sa campagne pour
s'emparer de la couronne de Naples. Déjà, comme le souligne J. Béranger,
le sénat de Venise comprend que la force de l'artillerie influencera
plus les batailles futures que la valeur des soldats . Cette analyse est
confirmée par la suite par Machiavel.La composition de la poudre ainsi
que du projectile variant en fonction de l'arme, de sa longueur
(arquebuse, couleuvrine, bombarde...), de l'utilisation que l'on veut en
faire (arme de campagne ou de siège) et de la portée nécessaire entraîne
les créations de tables mathématiques et de traités de balistique qui
vont rationaliser l'usage de l'artillerie en Europe.
D’autre part il va falloir chercher des solutions pour transporter ces
nouvelles armes et particulièrement pour le faire traverser les cours
d’eau.
La solution la plus courante au début de la période résidait dans
l’utilisation de ponts de bateaux qu’il faut adapter à l’augmentation du
poids des armes.
Le franchissement d’un cours d’eau implique un fractionnement de l’armée
et une extrême vulnérabilité de celle ci lorsque elle se trouve en petit
nombre sur la rive opposée. La rapidité du franchissement devient la clé
de la réussite et implique des personnels hautement qualifiés et des
moyens importants.
Au milieu de XVII eme siècle apparaissent en Hollande et en Autriche des
systèmes de pontons, qui sont des supports flottants de formes
prismatiques, constitués de feuilles de cuivres recouvrant une armature
de bois. Ils servent à traverser des rivières de faible intensité ou de
faible largeur et sont appariés avec des bateaux flottants pour
traverser des obstacles plus importants.
Les places fortes médiévales, avec leurs flancs abrupts et leurs angles
droits vont se révéler extrêmement fragiles face au tir tendu et à
l'apparition du boulet métallique. Il va donc s'opérer une
transformation radicale dans les conceptions des fortifications en
Europe.